Sorties

Dans le cadre des visites organisées par l'UCGE, 34 personnes représentant 10 (sur 19) associations de l'Union se sont déplacées au CAMT de Roubaix.
 

Le 16 octobre 2003, 34 adhérents de 10 cercles de l’Union des cercles généalogiques d’entreprises se sont levés très tôt pour se rendre à Roubaix, au Centre des Archives du Monde du Travail
Arrivés à 10 h nous avons été accueillis par M. Amable Sablon du Corail et un des ses collaborateurs.
La visite a commencé par l’historique de l’usine Motte-Bossut, qui regroupe et conserve maintenant les archives d’entreprises, de syndicats, d'associations, d'architectes (confiées sous forme de dépôt ou de don).
Historique de l’entreprise :  
Louis Motte, issu d’une famille de marchands fabricants, après avoir étudié à Manchester les techniques anglaises du textile, créé une société pour l’exploitation d’une filature de coton avec deux membres de la famille de son épouse Adèle Bossut. L’entreprise porte le nom de Motte-Bossut et Cie.

1843-1845, un bâtiment est construit à proximité de l’ancien canal de Roubaix. On l’appelle « usine-monstre » en raison de sa taille : cinq étages.
1866, la filature emploie plus de 500 ouvriers.
Dès 1864 une annexe est élevée de l’autre côte du canal. C’est dans cette usine réhabilitée, que le CAMT est installé. On note ses caractéristiques : tour, cheminée, fenêtres, créneaux.

Plusieurs incendies ont lieu dans les premiers bâtiments, et celui de 1866 les détruit totalement.

La filature est installée dans l’annexe qui a été construite « selon un procédé « fire proof » d'origine anglaise : des petits voûtains de briques reposant sur des poutres en fer et des colonnes de fonte permettent d'exclure le bois tout en créant de grands plateaux nécessaires aux nouveaux métiers mécaniques ».
1866-1876 : l'usine s'étend de part et d'autre de la rue des Filatures.
1891 : la rue des Filatures est fermée par la construction du corps central de l'usine : les deux bâtiments préexistants sont désormais d'un seul tenant sur plus de 100 m.
1905 : l'accès de l'usine est flanqué de deux tours crénelées : l'usine occupe alors l'ensemble de la parcelle.

L’entreprise prospère jusqu’en 1914. Les effets de la guerre sont visibles. En 1911 Roubaix compte 125 000 habitants, seulement 80 000 en 1920.
1919 : la société se transforme en SA dont les actions sont réparties parmi les membre de la famille.
1960 : on a senti une reprise : 100 000  ouvriers travaillent dans l’entreprise, dont 80 000 à Roubaix.
Nouvelle crise en 1970.
1981 : la société ne reçoit pas de subventions publiques et doit fermer ses portes.
A la fermeture de l’entreprise, il ne restait déjà plus que 80 ouvriers qui se reconvertissent dans le nylon.
Histoire des archives du monde du travail De nombreux pays prennent conscience de l’importance de ces archives dès le début du XXe siècle.

 

Dès 1905 l’entreprise Krupp organise scientifiquement ses archives et donne l’élan aux autres entreprises allemandes.
1906 : création du premier centre d’archives d’entreprises à Cologne.
1913 : premier congrès sur les archives d’entreprises à Cologne.
La Suisse (1910), les Pays-Bas (1914), les U.S.A (1925) suivent le mouvement, puis le Danemark (1948).
En ce qui concerne la France, quelques fonds d'archives d'entreprises sont entreposés dans des dépôts d'archives publics grâce aux efforts de Charles Schmidt, inspecteur général des bibliothèques et des archives (1926).
28 mars 1931 : une circulaire du ministère de l'Instruction publique prescrit aux archivistes départementaux de se rendre dans les établissements en liquidation et d'y prélever sur les papiers proposés à la vente ou à la destruction les documents offrant un intérêt pour l'histoire économique.
1949 : Charles Braibant, directeur des Archives de France, décide de la création d'une Section des archives privées et économiques et du microfilm au sein des Archives nationales. Elle est chargée de recueillir les archives d'entreprises, de les classer et de les rendre utilisables par les chercheurs. Le premier conservateur en est Bertrand Gille, historien de l'économie et des techniques.

Il est constitué un comité de sauvegarde des archives économiques formé de hauts fonctionnaires et de personnalités éminentes dans le domaine industriel et commercial ainsi que dans celui de la recherche: son but est de sensibiliser les entreprises à la conservation de leurs archives et de favoriser les dons ou dépôts auprès des services d'archives publics.

Une enquête nationale est menée par les archivistes départementaux pour recenser les fonds d'archives économiques existant dans leur département.
1973 : nouvelle enquête dans les départements pour préparer le Congrès national des archivistes tenu à Paris sur le thème des «archives privées et économiques».

En 1983, à la suite des travaux d'une commission des archives industrielles réunie entre 1980 et 1981, le Conseil des ministres décide de créer un premier Centre des archives du monde du travail à vocation interrégionale et de lancer une enquête nationale, menée par la Direction des Archives de France, pour recenser les archives d'intérêt national encore conservées par les entreprises.

La région Nord Pas-de-Calais est choisie comme lieu d'implantation du premier Centre des archives du monde du travail, en raison de la richesse de son passé industriel et des nombreuses initiatives déjà prises en faveur du patrimoine industriel (colloque « Le patrimoine industriel : stratégies pour un avenir », en 1979 enquête sur les archives d'entreprises confiée, dès 1982, par la Région aux Archives départementales du Nord, etc.)

1983 : la mairie de Roubaix cède les bâtiments de l’ancienne usine Motte-Bossut (inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1978) aux archives nationales.
Après appel à candidatures pour la conception du centre, le projet de l’architecte Alain Sarfati est retenu. En plus de la conservation des archives, le bâtiment offrira 1800 m2 pour des animations culturelles.
1986 : regroupement et conservation des archives à Lille (locaux provisoires).
1989 : début des travaux.
5 octobre 1993 : inauguration du Centre par Monsieur Jacques Toubon, ministre de la Culture et de la Francophonie.
Octobre 1993 :  Ouverture de la salle de lecture au public de chercheurs.
1994 : la Direction des Archives de France confie un rôle de coordination nationale au Centre des archives du monde du travail.
1995-1998 : les séries AQ et AS auparavant conservées à Paris sont en grande partie transférées à Roubaix..
Les délais de communicabilité

l n'existe aucun délai légal de communicabilité pour les archives privées. Les délais sont fixés par convention entre la Direction des Archives de France et le donateur ou le déposant. On peut reprendre les délais définis par la loi du 3 janvier 1979 pour les archives publiques.
A la demande du déposant, la communication de la totalité ou d'une partie du fonds à des chercheurs peut aussi être soumise à son autorisation expresse.

Quelques chiffres

Le CAMT abrite 700 fonds, dont 60 % provenant des entreprises.
Parmi celles-ci, notons les banques du XIXe siècle, le Crédit Foncier (archives en cours de classement), la Compagnie du Canal de Suez (nationalisé en 1956), Indosuez, les industries du textiles, de la métallurgie, des chemins de fer. Le CAMT accueille aussi les archives des syndicats (CFDT, CGT) et celles du MEDEF.
Pour en connaître la liste : http://www.archivesnationales-culture.gouv.fr/camt.
Pour vos recherches, vous pouvez vous déplacer, mais vous pouvez aussi adresser un courrier, le plus circonstancié que possible, bien entendu
Après cette visite très intéressante, les participants ont utilisé le VAL (1ère ligne de métro française sans conducteur) pour se rendre à Lille où nous avions réservé nos places dans un restaurant de spécialités régionales.
L'après-midi, très ensoleillé, a vu le groupe se déformer au cours de la visite sous la houlette de Bernard Carcel, notre guide. Certains très studieux l’ont suivi, d’autres ont flâné, se sont un peu perdu, mais se sont retrouvés sur la grand’place où une bière, à la terrasse d’un café (température 17°) a été la bienvenue.
 

Compte-rendu rédigé par l'UCGE